L'autoroute ferroviaire Perpignan-Luxembourg

Le premier train de l'autoroute ferroviaire Perpignan-Luxembourg s'élancera le 29 mars. Cette liaison de ferroutage de mille kilomètres transportera des semi-remorques du nord au sud de la France...
Cette info n'est pas anodine pour les gersois qui vont certainement avoir à se prononcer prochainement sur une alternative route ou rail (voir l'article : RN 21 à 2x2 voies ou rail ? Les Verts réunis pour faire le point à Villeneuve-sur-Lot du 20/2).
Quelques chiffres sont donc à mettre en mémoire pour le jour où il conviendra d'entrer dans le vif du sujet des comparaisons.
Sur cette ligne Perpignan-Luxembourg, le tarif moyen sera de 0,90 euros par kilomètre et par remorque pour un client régulier alors que le coût du trajet par la route atteint aujourd'hui 1,05 euro, selon Philippe Mangeard (président de Modalohr, la société alsacienne qui pilote le projet).
Le train sera également plus rapide : 15 heures de trajet contre 17 à 22 pour la route et il fonctionnera 7 jours sur 7.

Il faut environ deux minutes pour charger la remorque sur le train.
Autant d'éléments en faveur du rail... Autant d'éléments qui ne prennent pas en compte les intérêts pour l'environnement ainsi que pour la sécurité...
La balance penche donc largement en faveur du rail !
Et le coût me direz-vous ?
La création de la liaison a coûté 54 millions d'euros d'investissements. 31 millions d'euros ont été nécessaires pour les infrastructures financées par les Chemins de fer luxembourgeois et l'Agence de financement des infrastructures de transport de France (Afift). 23 millions d'euros ont été apportés par les associés de Lorry-Rail pour l'acquisition des wagons et la mise en oeuvre du service, a poursuivi Philippe Mangeard. (Coût peu élevé car les voies existent et il s'agit de les mettre aux normes pour supporter ce trafic de ferroutage, mais pour quelle raison ce qui est réalisé ici ne pourrait l'être ailleurs ?).
A titre de comparaison la seule portion Auch/Aubiet (vous savez le tronçon où les "ouvrages d'art" sont actuellement perdus dans les champs sur 8,3 km !) était évalué (chiffre de 2001) à 41,884 millions d'euros, c'est dire que lorsqu'il sera réalisé, ce tronçon aura coûté plus que la ligne de ferroutage Perpignan/Luxembourg. A comparer également (pour le montant de l'investissement car l'objectif n'a évidemment rien à voir), le coût de cette ligne est dix fois moindre que celui de l'éventuel barrage de Charlas que l'on prétend remplir l'hiver avec l'eau de la Garonne que l'on peut actuellement traverser à pied !).

Vous avez bien compris cette ligne de ferroutage ne représente qu'une goutte d'eau dans l'océan des transports, mais elle a le mérite de démontrer que le ferroutage est rentable : coût au kilomètre inférieur à la route, coût de l'infrastructure inférieur à la route, durée du transport inférieure à la route, dangerosité inférieure à la route, pollution inférieure à la route...

Il s'agit maintenant d'en convaincre les décideurs !
Les politiques ? Les choix sont pour bientôt...
Les lobbys de toutes sortes qui font leurs choux gras avec la mise en place des infrastructures routières et les camions qui circulent dessus ? Ce sera très difficile car leurs bénéfices seraient également inférieurs !

Michel Bordes