lundi 14 mai 2007

Livret A : Première victime de l’ère du tout devient possible ?

Sud PTT Gers communique :

La commission européenne annonce, aujourd’hui même, sa décision concernant l’avenir du Livret A. Sans surprise, les chantres du libéralisme demandent l’extension de la distribution de ce produit à l’ensemble des banques. Il n’aura pas fallu attendre longtemps après l’élection du nouveau président de la république pour que tombe le couperet.
Tout le monde se souvient de l’appel de Jacques Chirac, l’an dernier, à José Manuel Barroso, président de la commission européenne, lui demandant d’attendre la fin de l’élection présidentielle en France pour rendre sa décision. Cette manœuvre politicienne démontre bien que le gouvernement français connaissait la réponse, et ne voulait pas être embarrassé par cette question pendant la campagne électorale ! Il est probable que le nouveau gouvernement engage un recours contre la décision de la Commission, mais il est tout aussi probable que le deal entre Paris et Bruxelles ait été « un report de l’annonce de la décision contre l’acceptation de cette décision». Ce recours risque donc bien d’être un nouveau tour de passe-passe de nos dirigeants afin d’éviter d’assumer une décision qui, au fond, ne les chagrine pas outre mesure.
Au-delà de ces considérations, une banalisation de la distribution du Livret A aurait des conséquences sociales importantes. Il est clair que les banques classiques demandent l’extension de la distribution pour compléter leur gamme d’un produit d’appel (plus de 45 millions de détenteurs de livret A). Ce produit servirait alors à attirer une nouvelle clientèle et lui proposer ensuite d’autres produits, plus rentables pour les établissements financiers. Ce scénario, le plus probable en cas de banalisation, générerait des effets en cascades.
Sur le financement du logement social, tout d’abord, puisque 80 % de la construction de logements sociaux dépend des fonds collectés par le livret A et centralisés par la Caisse des Dépôts et Consignations. Il obérerait également les actions de lutte contre l’exclusion bancaire, puisqu’en l’absence d’un service bancaire universel, le Livret A est le seul produit accessible aux exclus du système bancaire. Aujourd’hui La Poste a l’obligation d’ouvrir un livret A à toute personne en faisant la demande. Quel sens aurait cette obligation en cas d’extension de la distribution à l’ensemble des banques ?
Enfin, et même si la loi du 20 mai 2005, reste très insatisfaisante, elle impose tout de même quelques obligations de présence territoriale à La Poste. Ce n’est évidemment pas le cas des autres banques. L’obligation faite à La Poste de maintenir un certain maillage territorial, est selon cette loi, liée à ses missions de service public.
Toujours selon cette loi, la seule mission de service public décrite pour La banque Postale réside dans la distribution du Livret A. Il est fort à craindre que La Poste, mise dans les mêmes conditions de distribution que l’ensemble des établissements bancaires, s’affranchissent de sa contribution à l’aménagement du territoire.
La fédération Sud-PTT appelle l’ensemble des syndicats et associations intervenant sur le secteur du logement social ou contre l’exclusion de se mobiliser, comme ils l’ont déjà fait, pour faire pression sur le gouvernement et éviter que le recours engagé par ce dernier se limite à une question de posture !

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