lundi 12 mars 2007

Transports et Aménagement du territoire, à Pujaudran, avec Les Verts du Gers

Jeudi soir 8 mars, les Verts du Gers organisaient une réunion publique, à Pujaudran, sur un thème qui leur tient particulièrement à cœur et, pensaient-ils, qui doit intéresser dans cette frange Est du Gers. Hélas, comme bien souvent, le public n'était guère au rendez-vous.
Petite assistance donc, parmi laquelle M. le Maire de Pujaudran (que nous remercions pour sa présence mais aussi pour avoir mis la magnifique salle municipale à notre disposition).
Dans son introduction Alain Cheymol (candidat Vert pour les législatives dans cette seconde circonscription du Gers, avec Alexandrine Carré, suppléante, à ses côtés) expliquait le choix de Pujaudran : "parce que sinistré durant des décennies par le trafic automobile, notamment poids-lourds qui empruntaient la rue principale qu'était la RN 124 et village en déclin, bien qu'aux portes de Toulouse, du fait des nombreuses nuisances dues à ce trafic".
"Et depuis on constate : tranquillité des riverains, hausse de la demande de constructions, arrivées d'activités nouvelles, création d'un cœur de village, réappropriation des espaces publics, amorce d'une piste cyclable en site propre... Nous avons là tous les ingrédients nécessaires à la tenue d'une réunion publique sur le transport et l'aménagement du territoire !"
Alain Cheymol brossait ensuite un tableau de la situation citant l'augmentation des gaz à effet de serre et les dérèglements climatiques qu'ils génèrent (selon l'ONU, si rien n'est fait d'ici à 2050, 150 millions d'habitants seront victimes des conséquences du dérèglement climatique).
"En France, 50 % des gaz à effet de serre proviennent de nos actes quotidiens : ce qui exige, de nous tous, une réponse démocratique...".
Evoquant ensuite le "Rapport Stern" qui chiffre ce que pourrait être le coût financier de ce dérèglement climatique (5600 milliards d'euros), Alain Cheymol devait dire le rôle et l'urgence d'une prise de conscience : "les politiques de parade à l'effet de serre auront un coût d'autant plus faible que les réactions gouvernementales seront rapides et les virages progressifs. Nous entrons définitivement dans une période d'énergie chère et, conséquence logique, plus l'énergie est chère, plus les économies sont rentables !".
L'écologie source d'emplois.
Loin de broyer du noir, fusse "l'or noir", Alain Cheymol trouve dans cette fin annoncée du pétrole des raisons d'espérer. "Depuis 3 ou 4 ans, la Silicon Valley, en Californie, voit éclore de nouvelles start-up dites Clean Tech. Et pourtant ces start-up nécessitent la levée de plusieurs millions de dollars d'investissement et l'embauche d'ingénieurs de haut niveau technologique. Pourquoi un tel engouement ? Tout simplement parce que le marché portentiel est immense".
Etalement urbain.
"Selon l'Agence Européenne de l'Environnement, dans 15 ans, 4 européens sur 5 vivront en zone urbaine, et depuis 15 ans la surface des agglomérations européennes a augmenté de 20 % alors que, dans le même temps, la population n'a augmenté que de 6 %".


Stéphane Coppey (membre de la commission nationale transports des Verts, conseiller municipal de Balma délégué aux déplacements et à la circulation, délégué titulaire à la Communauté d'Agglomération du Grand Toulouse et secrétaire régional des Verts Midi-Pyrénées) pouvait entrer alors dans le vif du sujet.
La congestion des routes : une fatalité ? Tel est l'intitulé de son intervention. Vaste sujet dont nous rapportons ici les principaux axes.

Les enjeux sociaux et environnementaux.
- Les transports sont à l'origine de 26 % des émissions de gaz à effet de serre en France (en forte croissance).
- Les atteintes directes à la santé : bruit, pollution, accidents, mais également stress, obésité...
- L'exclusion de ceux qui n'ont pas accès à la mobilité.
- L'étalement urbain autour des villes et les délocalisations d'emplois permises par le transport routier rapide et à bas coût.

Les enjeux économiques.
- Les "flux tendus" profitent-ils réellement aux entreprises et collectivités locales ?
- Les grands travaux routiers (mise à 2x2 voies...) profitent-ils durablement aux différents usagers : particuliers, entreprises, collectivités locales ?
- L'économie initiale sur le prix du foncier ne se paie-t-elle pas très cher à l'usage : stress, fatigue, risques, temps passé dans les transports et risques, pollution... ?

Au total...
- La maîtrise des prix du foncier en milieu urbain.
- La préservation de la qualité de vie en milieu urbain.
- Le développement du transport public
créent plus de commodités, de services et d'emplois que la route et l'étalement urbain...

Même si l'on habite loin... les solutions existent !
- Services de proximité pour la vie quotidienne (courses, loisirs, enfants...).
- Transport à la demande sur le secteur d'habitation.
- Liaisons plus directes vers le lieu de travail (exemple : arrêt des trains à Saint-Martin du Touch + navette ou encore liaison Pibrac-Blagnac à chaque train).

Un exemple de solution innovante : le transport à la demande à haut débit.
L'expérience de l'Est Toulousain.
La mise en œuvre d'un système innovant de transport à la demande dans l'Est toulousain a mis en lumière la forte attente des usagers vis-à-vis d'un mode de transport public souple et fréquent, dont l'utilisation ne cesse de croître : de 500 à 1000 personnes transportées par jour et un taux de satisfaction enquêté de 97 %.
Les raisons du succès sont multiples. Parmi elles :
- connexion à un mode de transport rapide et fiable, le métro,
- plage horaire étendue : de 5 h à 1 h, tous les jours de l'année,
- fréquence régulière : toutes les demi-heures,
- couverture géographique : plus de 100 points d'arrêt répartis sur six communes,
- souplesse : pas d'itinéraire pré-établi,
- rapidité et convivialité : véhicules de 8 passagers maximum (15 en hyper-pointe),
- adaptabilité : variation de nombre de véhicules en fonction de la demande,
- faible contrainte : réservation non obligatoire au hub du terminus métro,
- fiabilité : liée à la réservation, deux heures à l'avance.

Le débat qui suivit devait être particulièrement intéressant et fourni malgré la petite assistance. Impossible bien entendu de le rapporter ici, mais nous évoquerons toutefois une question qui nous tient particulièrement à cœur nous Gersois "de l'intérieur" et qui non seulement fit débat mais aboutit à un constat de divergence totale. Une intervention sur le sujet du gigantesque centre commercial en prévision sur le plateau de la Ménude à Plaisance-du-Touch, présenté de façon quelque peu idyllique avec sa cohorte d'emplois soi-disant créés et sa nécessité pour des gersois qui seraient dans un désert commercial (alors que le Gers est le département qui possède le plus grand nombre de mètres carrés de grandes surfaces par habitant) donna l'occasion de proclamer l'opposition des Verts à ce projet démesuré, inutile et polluant. Sans doute quelques "locaux" trouveraient un emploi au rabais (si les caisses ne sont pas toutes automatisées), mais bien plus nombreux seraient les gersois qui verraient le leur disparaître. Ce projet s'il voit le jour sera une véritable catastrophe économique et écologique pour tout le département. On peut être surpris également que l'afflux d'automobiles et de camions ainsi créé n'inquiète pas davantage les défenseurs d'une tranquillité bien légitime des petits villages environnants...

Une vidéo présentant les "Bus cyclistes de Tournefeuille" était ensuite projetée. Initiative très intéressante qui allie l'utile, l'agréable et l'éducatif... En quelques mots : des bénévoles encadrent des enfants sur le chemin de l'école, le tout à vélo et à la satisfaction des petits et des parents. Constitution d'associations, recherche des itinéraires, formation des bénévoles et des enfants, toutes une vie se met en marche autour de ces projets. Une expérience qui peut se transposer dans bien d'autres domaines et qui est la mise en pratique, ici et tout de suite, des idées que nous portons...

Pour terminer la soirée, l'association "Le Bouclier de Pujaudran" intervient pour exposer son problème avec la déviation de Léguevin et son inquiétude de voir de nouveau Pujaudran traversé par des flots de véhicules. Inquiétude toute légitime lorsque l'on étudie les projets, mais toutefois divergence sur les moyens d'éviter ce retour en arrière. A l'association qui préconise "plus d'infrastructures" pour faciliter la circulation, Stéphane Coppey oppose "plus d'obstacles pour décourager" ce choix de parcours. En effet pour Les Verts une infrastructure nouvelle est un "appel d'air" dans lequel s'engouffrent toujours plus de véhicules...

Michel Bordes

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