
Nous assistons ici aux derniers soubresauts de tous ceux qui profitent des “grands travaux” encore juteux. Combat d’arrière garde pour presser un peu plus nos collectivités qui n’ont pas le courage de franchir le pas nécessaire à un aménagement du territoire qui placerai la protection de notre environnement, et en particulier celle du citoyen dans cet environnement, au centre des projets pour demain.
Il est navrant de voir les décideurs gersois (élus de tous bords, CCI, communautés de communes, etc.) croire encore que le Gers et les gersois puissent tirer un quelconque bénéfice de tels projets.
Vous avez dit désenclavement ? Trouvez-vous que le bassin toulousain soit trop enclavé ? Les 20 000 habitants que Toulouse compte attirer annuellement seront-ils trouvés dans “l’immigration choisie” ou viendront-ils des départements limitrophes ainsi vidés de leur substance ?
Vous n’avez pas le droit, nous n’avons pas le droit, de laisser l’aménagement du territoire se faire avec seul le profit comme ligne de conduite ! Qui va dire à ces jeunes couples qui viennent chercher un peu de quiétude et de qualité de vie dans nos campagnes gersoises qu’ils n’auront bientôt plus les moyens de se rendre à leur travail toulousain ? Vont-ils être obligés de loger dans des bidons-villes (il n’y a plus une seule place de libre dans les campings jusqu’à plusieurs dizaines de kilomètres de Toulouse où caravanes et “maisons mobiles” d’aujourdÅhui ressembleront avec l’âge à ceux de banlieues tristement célèbres).
Il y a quelques mois nous avons pu entendre de la bouche d’édiles gersois que “l’aéronautique est l’avenir de notre département”. Soit. Pour combien de temps ? Il semble avoir déjà pris un sérieux coup dans l’aile, si j’ose dire ! Et dans vingt ans ? Car c’est de cela qu’il s’agit. C’est à au moins vingt ans qu’il faut prévoir l’aménagement du territoire. Pouvez-vous affirmer que l’aéronautique sera toujours l’avenir de notre département dans vingt-ans ? C’est la Chine avec les plans que nous lui avons vendus qui construira ses avions... Et même les nôtres... Si tant est que les avions volent encore !
Si certains doivent rire aujourd’hui, ce sont bien les porteurs (et donc futurs profiteurs...) du projet “Portes de Gascogne”. Avec cette autoroute et un échangeur bien placé qu’ils ne manqueront pas d’obtenir, ils sont certains de la rentabilité de leur “coup” et pourront tout à loisir asphyxier encore plus facilement tout le commerce gersois. Comment peut-on être contre l’un et pour l’autre de ces projets ?
Certes un effort est fait par la région pour améliorer les lignes TER, mais il est notoirement insuffisant pour réorienter les modes de déplacements. Et qu’en est-il du transport des marchandises ? Il faut quand même savoir que la réfection de la ligne Auch-Toulouse telle que réalisée actuellement est deux fois moins coûteuse que les 7,5 km de 2x2 voies qui séparent Auch de Marsan et qui, au mieux, feront gagner 1 à 2 minutes à des automobilistes pressés qui en perdront dix fois plus à l’entrée de Toulouse et parfois même d’Auch... Qu’en sera-t-il en terme financier, tout autant d’ailleurs qu’en
terme de commodité, de l’éventuelle autoroute Toulouse/Castres comparée à une desserte ferroviaire moderne ?
Ce n’est pas en donnant toutes les commodités et tous les moyens financiers aussi d’ailleurs, aux industriels qui voudraient s’installer dans la périphérie toulousaine que l’on créera des emplois dans le Gers !
C’est en réorientant toute l’économie : le commerce, l’artisanat, l’agriculture vers des structures à taille humaine et de proximité que l’on luttera contre cette désertification qui nous mine. Le renchérissement de l’énergie nous y conduira forcément. Saurons-nous nous y préparer où allons-nous gaspiller argent et énergie et donc notre avenir dans des investissements d’un autre temps ?
Michel Bordes
Pour Les Verts du Gers
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire