mardi 7 octobre 2008

Du rôle écologique du professeur

« Entre les murs », le film de Laurent Canté, est une œuvre poignante de réalisme qui nous montre le quotidien d'une classe de quatrième d'un collège du 20ème arrondissement de Paris.
S'abstenant de tout angélisme, aussi bien du côté des élèves que des professeurs, il nous incite à nous imaginer à la place des uns et des autres. Forcément beaucoup de questions des plus banales se posent à nous, sur les méthodes d'enseignement, sur le fossé culturel entre les professeurs et leurs élèves, sur la responsabilité de la société dans ses lacunes à accepter les différences, ... Il semble que le professeur doivent tout à la fois être enseignant, mais aussi éducateur, psychologue, assistant social (étrangement absent du film ?). Et dans tous ces rôles que l'on voudrait le voir tenir, finalement le rôle d'enseignant n'est pas celui qu'il exerce le plus dans sa classe. Mais toutes ces fonctions ne sont en fait que vocabulaire, car le professeur est bien plus que tout ça !
Le professeur est en fait le lien entre la société et les générations montantes. Il est un fusible qui doit supporter la tension des incompréhensions mutuelles. Il est un médium qui transmet le savoir passé à la société à venir et qui informe, par le biais d'autres média, les générations « installées » des mutations sociales qui font frémir les conservatismes de tous bords.
L'écologie est l'étude des inter-relations entre les êtres vivants et leur environnement et des êtres vivants entre eux (il est toujours bon de le rappeler) ; le professeur a pour rôle, bon gré mal gré, d'équilibrer les relations des générations entre elles. Pour que cela fonctionne, il doit être question d'échanges, donc de respect mutuel et d'acceptation de l'autre avec tout ce qu'il peut avoir d'effrayant. Il s'agit là de bases essentielles au bon fonctionnement de toute société, ainsi qu'à la bonne marche de ce monde. Si on limite l'éducation a une notion d'efficacité d'enseignement et d'apprentissage, où ceux qui prennent du retard sur la plupart sont d'ores et déjà marginalisés, si on continue d'instituer, voire d'institutionnaliser un système de concurrence entre les élèves, peut-on encore s'étonner qu'il y ait tant de tension à l'école ? En effet, l'incitation à la compétition entre les individus n'engendre que le développement d'un esprit « primitif », alors que l'école devrait servir à l'émulation de l'intelligence de la jeunesse, gage de solidarité et de créativité.
Lire, écrire, compter sont, et resteront je l'espère, les fondements d'un bon apprentissage, mais j'ai toujours regretté qu'on n'y rajoute pas une chose essentielle : apprendre à penser par soi-même.
David POMIES

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