
Près de vingt associations étaient présentes dans la salle du Mouzon lorsque Martine Delmas présenta le déroulement de la soirée organisée par UMINATE et les Amis de la Terre et consacrée à la ressource en eau ainsi qu’à à la problèmatique des déchets ménagers.
Rémy Martin, président d’UMINATE, dans une courte intervention, devait mettre l’accent sur la dégradation de l’environnement et plus particulièrement pour les plus démunis. Il faisait également remarquer le manque de moyens des associations qui devaient participer à un très grand nombre de commissions (350 environ en Midi-Pyrénées). Dans ces commissions les associations se retrouvent face à des bureaux d’études et des salariés, Rémy Martin invitait donc les collectivités locales à assumer leurs discours et à donner les moyens aux associations et à leurs bénévoles de se former et de participer régulièrement et efficacement.
Martine Delmas, dressait alors un tableau inquiétant de la gestion de l’eau, se référant à l’année 2006. Dès le début de l’année, malgré un constat de déficit, la CACG assurait que les réserves seraient reconstituées ce qui, pour Martine, équivalait à une incitation à semer du maïs.
Dès la fin mai le déficit s’aggrave et les lacs des Pyrénées sont à 30% de leur niveau normal... La CACG souhaite réduire les débits d’étiage à 80%, la Chambre d’Agriculture et l’administration se montrent inquiets.
Fin juin: les irrigants n’ont pas changé leurs mauvaises habitudes et l’on peut même constater des retraits ou des blocages de compteurs dans la vallée de l’Arratz. Les restrictions ponctuelles sont levées des l’apparition de quelques orages. La Chambre d’Agriculture s’oppose aux contingentements et en profite pour demander la constructions de nouveaux barrages.
Août: Presque plus d’eau mais pas de diminution des quotas. Ce qui nous fera passer tout près de la catastrophe en septembre avec une pénurie en eau potable évitée de peu.
Le bilan 2006 (voir sur le site de la DIREN) se traduit donc par des niveaux d’étiage non respectés avec des débits de crise franchis et un stockage très faible dans les barrages. Disparition de la faune et de la flore. Ceci est inacceptable et Martine Delmas demande aux politiques de ne plus couvrir cette gestion.
Rémy Martin, parle à son tour d’une pénurie organisée afin de favoriser la création de Charlas. Le volume de stokage a été multiplié par 6 en 30 ans et avec le changement climatique le Sud-Ouest devient une région potentiellement désertique. L’enjeu n’est plus d’augmenter le stockage mais la reconstitution des sols avec la modification des pratiques. «On peut toujours ajouter des bassines, mettre des tuyaux entre les bassines et faire couler l’eau... Mais d’où viendra l’eau?». Il met également l’accent sur l’impossibilité, même pour le gouvernement, de parvenir à un destockage d’eau d’EDF... Pour lui la solution passe par des productions de qualité, qui amèneront un environnement de qualité et des emplois locaux.
Durant le débat qui suivit, M. le directeur de la CACG faisait part d’une appréciation différente de celle de Martine Delmas, même si cette différence est plus sur le ton que sur le fond. Il parlait lui-même «d’un milieu terriblement artificialisé» et de préleveurs «qui doivent assumer les risques de leurs prélèvements»...
Des autres interventions on retiendra le risque d’aggravation de la situation avec la promotion des carburants dits «bio-carburants», appellation qu’il conviendrait de remplacer par «agro-carburants» car ils n’ont rien de «bio». Le coût de la réalisation de Charlas (300 millions d’euros), les huiles qui sont rentables (1 unité d’énergie en produit plus de deux) alors que le rapport est négatif, 1 = 0,8 pour l’éthanol), des pesticides retrouvés dans nos rivières (107 tonnes déversées sur la seule zone de l’opération Gers Amont), des aides revues à la baisse quand elles ne sont pas carrément supprimées pour l’agriculture de qualité et bio en particulier.
Philippe Martin intervenait alors pour dire toute son inquiétude car la loi sur l’eau actuellement votée ne permettra pas que le bon état soit atteint en 2015... Il se disait (ce n’est pas nouveau, mais en contradiction avec les décisions prises par le Conseil Général du Gers) sceptique devant l’énormité de Charlas et des moyens nécessaires ainsi que sur son utilité. Espérons que cette réflexion aboutira cette fois à une opposition au-dit barrage et n’était pas simplement «de circonstance».
Philippe Martin se disait également favorable à une autre orientation de la politique agricole au niveau européen, avec des aides orientées vers les productions propres et de qualité. Inquiet également par le fait que les OGM continuent à être présentés comme une alternative aux pesticides. Au sujet de l’irrigation il pense que les syndicats agricoles et la Chambre d’agriculture font pression sur le préfet. La mise en place d’un Agenda 21 par le conseil général était également évoquée ainsi que l’action Gers Amont (que nous vous présenterons par ailleurs).
Robert Campguilhem, vu l'heure avancée, devait se contenter d'un exposé plus rapide que prévu. Il faisait cependant un bref historique : 1992, loi de gestion des déchets - 2002, tous les départements devaient être en règle avec cette loi. Pour le Gers la mise en place complète de la collecte sélective devait être terminée en 2004. Certains retards sont cependant apparus, le centre de tri de Manciet est toujours à l'état de projet et la mise en conformité des stockages a également pris du retard, notamment au Houga. Le développement du compostage des déchets verts et des boues de station d'épuration prend également du retard et on peut douter que les 65 % prévus pour 2010 soient atteints à cette date.
Un gros effort d'information reste également à faire, de même qu'une sensibilisation des producteurs d'emballages et des particuliers afin de réduire les déchets à la source. Robert mettait également l'accent sur le cycle de vie de plus en plus court des appareils...
Le débat s'instaurait alors avec l'intervention de Mme Billot (Sauvegarde de Moncorneil) qui faisait état de nuisances insupportables au environs du stockage : fortes odeurs, plus de lixiviats que prévu, circulation intensive de camions... Elle signalait qu'avec six fois plus de déchets (de 5000 tonnes à 30000 tonnes) les nuisances ont été également multipliées malgré les travaux. Elle faisait également remarquer que des petites structures seraient plus appropriées avec notamment moins de camions et sur de moins longues distances. Elle s'inquiétait également que rien ne soit prévu dans le Gers pour l'après 2012 (date prévue pour l'arrivée à saturation des dépôts actuels), plus aucune réunion programmée pour la recherche de nouveaux sites, regrettant au passage l'absence de M. Dupouey et le départ prématuré de Philippe Martin qui aurait pu apporter les précisions attendues.
Dans le cours du débat était également évoquée la fermeture du site de Mirande (Dupouey ?) et celles de Gondrin et Condom qui n'en continuent pas moins de polluer rivières et nappes phréatiques. Une taxe incitative (au poids ?) était également réclamée...
Pour Trigone, Jérôme Samalens apportait quelques apaisements même s'il reconnaissait que tout était loin de la perfection, mais qu'il y avait des choix financiers de faits... Il disait le souhait de rester en capacité de traiter les déchets du département (et uniquement ceux-là !). Il évoquait également la mise en place d'un plan départemental de prévention des déchets (cabinet d'études, associations) et appelait à une prise de conscience citoyenne.
Il revenait ensuite à Jean-Jacques Delmas de clore la soirée sur un constat très pessimiste avec, notamment, l'évocation de la disparition des dernières prairies humides du département. En effet 600 hectares semblent devoir changer de propriétaire avec des départs à la retraite, dans le secteur de Gimont, et le risque est grand de voir ces terres désormais affectées à de grandes cultures (maïs ?) en lieu et place de la polyculture et élevage actuelles.
Avec la disparition de ces dernières prairies bocagères ce sont effondrement des berges, creusement des lits des rivières, disparition de la faune et de la flore... Le tout aggravé par les débits totalement dérégulés par l'irrigation.
Il était plus de 11 h 30 et chacun pouvait alors aller méditer et, après un sommeil réparateur, repartir au combat !
Michel Bordes
1 commentaire:
J’aime beaucoup ton article, je le trouve très bien écrit et structuré cela change car on a pas souvent l’occasion de voir ce genre d’article.
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