Des « Assises », par définition, devraient toujours avoir les bases les plus larges possible(s). Ce n'était pas le cas, hier soir, à Mirande, pour les « Assises des Territoires ruraux », présidés par Monsieur le Sous-préfet et Monsieur le Maire de Mirande. Certes, on remarquait un parterre impressionnant de maires ruraux et d'élus locaux, mais c'est en vain qu'on aurait pu chercher le citoyen-lambda de la ruralité gersoise. En vérité, il y en avait au moins quatre à ma connaissance, et pour cause, puisque c'étaient Fatma ADDA, Danielle ARRIEU, Marc GUAL et votre Serviteur, tous quatre, citoyens du tout-venant, bien esseulés pour faire entendre la voix du peuple et de l'écologie. Et d'ailleurs, certains intervenants ne se privèrent pas de faire remarquer le caractère étrangement confidentiel d'une telle initiative ministérielle.
Je ne me lancerai pas ici dans une analyse détaillée de tous les points évoqués. J'irai à l'essentiel et à ce que j'en ai retenu. Et déjà, la tâche me paraît bien lourde.
Nous étions tous les quatre comme quatre gouttes de bon sens écologique dans un océan de consensus productiviste. Difficile de prendre la parole pour contrecarrer, par exemple, ce PDG de Saint-Germé qui après avoir obtenu les autorisations, a « dénaturé » (c'est le cas de le dire, presque au sens propre !), 5 hectares de bonnes terres agricoles qui demain ou après demain seront abandonnées et livrées à la friche industrielle, parce qu'on aura trouvé à s'implanter ailleurs au motif que la rentabilité y est meilleure! Je me suis permis de rappeler l'exemple douloureux de GRUNDIG à Fleurance. Dans la salle : regards et murmures de réprobation ! Que dire en effet quand on vous oppose la pénurie d'emplois et le désir légitime des gens de vouloir vivre au pays ?
Finalement, le choix de cet intervenant industriel, invité sur l'estrade sans doute en raison de sa réussite provisoire, peut-il être interprété comme la volonté de construire un destin industriel au Gers. Combien de fois une telle expérience serait-elle reproductible sur notre espace départemental ? Que deviendront nos vallons d'oxygène ?
On peut d'autant plus se poser la question qu'au moment où allait se fermer la séquence consacrée aux « Activités économiques », les mots « agriculture, agriculteurs » n'avaient pas été prononcés une seule fois.
Mon intervention prolongea donc la séquence et le débat qu'on voulait sans doute esquiver, dérapa sur l'agriculture. Il est tout de même significatif que les deux syndicalistes agricoles présents allaient laisser clore la séquence sans évoquer les problèmes de leur propre secteur d'activité. L'un d'eux me dit même que ce n'était pas le débat ! Il me lança encore « Parce que si vous voulez parler de l'agriculture, on va en parler ! ». D'ailleurs, si l'agriculture n'était pas au débat, que faisait alors, aux côtés de M. le Sous-préfet, Monsieur le Conseiller général mais aussi président de la CACG et grand dispensateur de cette précieuse eau d'irrigation ? Un élu dans la salle fit remarquer au syndicaliste sus-dit, que « Tout de même l'agriculture était co-substantielle de la ruralité. » On pouvait donc en parler.
Je mis l'accent sur la disparition vertigineuse des exploitations agricoles : 13000 encore en 1992 (ce chiffre était déjà annoncé comme catastrophique) et moins de 5800, aujourd'hui. Je présentai les agriculteurs non comme les responsables d'un système mais comme les victimes sacrifiées de ce système.
Les maires ruraux, quant à eux, ne manquèrent pas d'intervenir pour signaler à juste titre leur inquiétude et même leur angoisse quant à la suppression annoncée de la taxe professionnelle. Tous souhaitèrent encore le maintien en milieu rural d'un service public digne de ce nom et, notamment, en matière de santé publique et d'éducation.
Tout le monde reconnut le travail accompli par les Corps de pompiers et aussi, la nécessité de maintenir les effectifs de gendarmerie même si le Gers ne connaît pas, comparativement, de véritables problèmes de sécurité. Comment ne pas adhérer à tous ces souhaits !
Enfin, Monsieur le Maire de Mirande se vit reprocher son initiative, plus ou moins pertinente, en tout cas discutable, de « Vigilance entre voisins ». Il se défendit en disant que c'était pour créer du lien social. On verra.
Toujours est-il que quelqu'un que je ne nommerai pas, ne manqua pas de faire allusion perfidement à « Cette frange marginale de la population... » (admirez la formule mais surtout le pléonasme !), ce qui suscita l'intervention cinglante de Fatma ADDA qui rappela certain fait-divers mirandais et le rôle de quelques jeunes gens de bonne famille. Il en est qui rentrèrent la tête dans les épaules !
Nous étions presque arrivés au terme de ces Assises sans que les mots « développement durable, contraintes environnementales, etc. » aient été prononcés, sans que le moindre souci de cet ordre se soit manifesté.
Tous les quatre, nous intervînmes de notre mieux mais sans prolongements, sans écho de quiconque dans l'assemblée.
Nous étions sur une autre planète où l'on raisonnait avec les vieux schémas des activités productivistes des années « soixante » comme si la France était seule maîtresse du jeu et de son devenir, comme si les citoyens n'étaient pas en train d'ouvrir les yeux et comprendre que ce que nous prédisions il y a trente ans, est, hélas, en train de se produire.
En conclusion, une belle Messe entre initiés où le jeune Sous-préfet ne put qu'enregistrer les doléances en promettant de les transmettre plus haut, à "qui-vous-savez".
Claude ARRIEU
Je ne me lancerai pas ici dans une analyse détaillée de tous les points évoqués. J'irai à l'essentiel et à ce que j'en ai retenu. Et déjà, la tâche me paraît bien lourde.
Nous étions tous les quatre comme quatre gouttes de bon sens écologique dans un océan de consensus productiviste. Difficile de prendre la parole pour contrecarrer, par exemple, ce PDG de Saint-Germé qui après avoir obtenu les autorisations, a « dénaturé » (c'est le cas de le dire, presque au sens propre !), 5 hectares de bonnes terres agricoles qui demain ou après demain seront abandonnées et livrées à la friche industrielle, parce qu'on aura trouvé à s'implanter ailleurs au motif que la rentabilité y est meilleure! Je me suis permis de rappeler l'exemple douloureux de GRUNDIG à Fleurance. Dans la salle : regards et murmures de réprobation ! Que dire en effet quand on vous oppose la pénurie d'emplois et le désir légitime des gens de vouloir vivre au pays ?
Finalement, le choix de cet intervenant industriel, invité sur l'estrade sans doute en raison de sa réussite provisoire, peut-il être interprété comme la volonté de construire un destin industriel au Gers. Combien de fois une telle expérience serait-elle reproductible sur notre espace départemental ? Que deviendront nos vallons d'oxygène ?
On peut d'autant plus se poser la question qu'au moment où allait se fermer la séquence consacrée aux « Activités économiques », les mots « agriculture, agriculteurs » n'avaient pas été prononcés une seule fois.
Mon intervention prolongea donc la séquence et le débat qu'on voulait sans doute esquiver, dérapa sur l'agriculture. Il est tout de même significatif que les deux syndicalistes agricoles présents allaient laisser clore la séquence sans évoquer les problèmes de leur propre secteur d'activité. L'un d'eux me dit même que ce n'était pas le débat ! Il me lança encore « Parce que si vous voulez parler de l'agriculture, on va en parler ! ». D'ailleurs, si l'agriculture n'était pas au débat, que faisait alors, aux côtés de M. le Sous-préfet, Monsieur le Conseiller général mais aussi président de la CACG et grand dispensateur de cette précieuse eau d'irrigation ? Un élu dans la salle fit remarquer au syndicaliste sus-dit, que « Tout de même l'agriculture était co-substantielle de la ruralité. » On pouvait donc en parler.
Je mis l'accent sur la disparition vertigineuse des exploitations agricoles : 13000 encore en 1992 (ce chiffre était déjà annoncé comme catastrophique) et moins de 5800, aujourd'hui. Je présentai les agriculteurs non comme les responsables d'un système mais comme les victimes sacrifiées de ce système.
Les maires ruraux, quant à eux, ne manquèrent pas d'intervenir pour signaler à juste titre leur inquiétude et même leur angoisse quant à la suppression annoncée de la taxe professionnelle. Tous souhaitèrent encore le maintien en milieu rural d'un service public digne de ce nom et, notamment, en matière de santé publique et d'éducation.
Tout le monde reconnut le travail accompli par les Corps de pompiers et aussi, la nécessité de maintenir les effectifs de gendarmerie même si le Gers ne connaît pas, comparativement, de véritables problèmes de sécurité. Comment ne pas adhérer à tous ces souhaits !
Enfin, Monsieur le Maire de Mirande se vit reprocher son initiative, plus ou moins pertinente, en tout cas discutable, de « Vigilance entre voisins ». Il se défendit en disant que c'était pour créer du lien social. On verra.
Toujours est-il que quelqu'un que je ne nommerai pas, ne manqua pas de faire allusion perfidement à « Cette frange marginale de la population... » (admirez la formule mais surtout le pléonasme !), ce qui suscita l'intervention cinglante de Fatma ADDA qui rappela certain fait-divers mirandais et le rôle de quelques jeunes gens de bonne famille. Il en est qui rentrèrent la tête dans les épaules !
Nous étions presque arrivés au terme de ces Assises sans que les mots « développement durable, contraintes environnementales, etc. » aient été prononcés, sans que le moindre souci de cet ordre se soit manifesté.
Tous les quatre, nous intervînmes de notre mieux mais sans prolongements, sans écho de quiconque dans l'assemblée.
Nous étions sur une autre planète où l'on raisonnait avec les vieux schémas des activités productivistes des années « soixante » comme si la France était seule maîtresse du jeu et de son devenir, comme si les citoyens n'étaient pas en train d'ouvrir les yeux et comprendre que ce que nous prédisions il y a trente ans, est, hélas, en train de se produire.
En conclusion, une belle Messe entre initiés où le jeune Sous-préfet ne put qu'enregistrer les doléances en promettant de les transmettre plus haut, à "qui-vous-savez".
Claude ARRIEU
3 commentaires:
pourquoi pas:)
Je pensais que les 29 questions figurant dans le "document-support de la consultation" allaient être débattues ...
Je vois ( je n'ai pû y participer ) que cette rencontre de Mirande a laissé bien des questions en suspens.
Il nous est encore possible de déposer, d'ici au 1er décembre, une contribution par mail :
assises-territoires-ruraux@gers.pref.gouv.fr
Merci pour tous ces articles je vais me pencher sérieusement dessus!
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