samedi 7 avril 2007

Une réaction des Verts du Gers aux propos de Nicolas Sarkozy dans "Philosophie Magazine"

LA PENSEE ULTRA-LIBERALE :
UNE PATHOLOGIE GENETIQUE ?


Dans un entretien avec le philosophe Michel ONFRAY, publié dans « philosophie magazine » d’avril 2007, Mr Nicolas SARKOZY, candidat UMP à l’élection présidentielle, tient les propos suivants :
« J’inclinerais, pour ma part, à penser qu’on naît pédophile, et c’est d’ailleurs un problème que nous ne sachions pas soigner cette pathologie. Il y a 1200 à 1300 jeunes qui se suicident en France chaque année, ce n’est pas parce que leurs parents s’en sont mal occupés ! Mais parce que, génétiquement, ils avaient une fragilité, une douleur préalable. »
Ces propos sont profondément inquiétants. Faire de la pédophilie, et plus encore du suicide des jeunes (curieusement associés en l’occurrence !), une pathologie génétique, c’est un déni de réalité proprement hallucinant ! C’est nier la complexité socioculturelle et environnementale de ces phénomènes, c’est réduire toute l’histoire individuelle à une causalité biologique.
On sait en fait, depuis DURKHEIM, que le suicide est lié à la perte des repères symboliques dans une culture en crise. On sait également, par les recherches épidémiologiques, qu’il est corrélé à la précarité économique et professionnelle. Une psychiatrie humaniste a toujours pris en compte cette dimension multifactorielle de la souffrance psychique, propre d’ailleurs à toute existence humaine : le suicide reste une « question philosophique » (CAMUS) que chacun s’est posée un jour (sauf Mr SARKOZY apparemment !)…
Réduire le suicide des jeunes à une pathologie génétique, traduit une idéologie dangereuse, aux relents nauséabonds d’eugénisme, pour laquelle il faut tuer dans l’œuf toute manifestation de souffrance, en ce qu’elle risquerait de remettre en cause le fragile édifice, construit de fausses certitudes et de préjugés, du système socio-économique en place. C’est le même déni de réalité qui veut réduire la violence des jeunes à un trouble comportemental individuel, qu’il faut simultanément réprimer et médicaliser (voir la loi dite de prévention de la délinquance, promue par le même SARKOZY, et qui enjoint les jeunes délinquants à consulter un psychologue ou un psychiatre ! Cette même loi qui prétendait aussi dans sa première version prévenir la délinquance par le dépistage psychiatrique des troubles des conduites chez les enfants de 3 ans !). Dans les deux cas, il s’agit de déplacer vers le champ de la médecine et plus particulièrement de la psychiatrie, la responsabilité de déterminer et de traiter les comportements individuels déviants, pour mieux occulter le contexte socio-économique pathogène dans lequel ils prennent leur sens.
Car en réalité, le suicide des jeunes est bel et bien une problématique écologique, systémique complexe : la désespérance de la jeunesse ne traduit-elle pas profondément la perte de perspectives d’avenir d’une société ultra-libérale aux abois, génétiquement incapable de prôner des valeurs de solidarité et d’équité, et dont les valeurs absurdes de croissance et de consommation traduisent la fuite en avant suicidaire ?…
07 Avril 2007
Dr O. LABOURET, pour Les Verts du Gers

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